Au sortir de la guerre, près d’un million de prisonniers allemands (dont un tiers directement faits prisonniers par les Français) sont employés à la reconstruction de la France.
Ils sont majoritairement commis aux travaux agricoles ou utilisés pour le déminage, la reconstruction proprement dite (déblaiement, terrassement et voirie), l’extraction de matériaux, le forestage et le reboisement.

Brochure éditée par le Ministère du travail et de la sécurité sociale [1945]
L’administration incite les communes à employer les prisonniers de guerre ennemis, jugés responsables des destructions, pour la reconstruction.
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Afin de contrôler cette main-d’œuvre jugée indispensable, des camps de prisonniers de guerre, appelés dépôts, sont créés. Pour la Drôme, celui de Montélimar, placé sous l’autorité d’un commandant, fournit la main-d’œuvre nécessaire aux particuliers, communes et entreprises qui en font la demande. Les conditions de vie, la garde et la surveillance des prisonniers sont réglementées. Tout comme les Français, ils sont astreints au rationnement.

Lettre de l’association des prisonniers de guerre français de Chabeuil et brouillon de réponse du maire, 23 juillet 1945.
L’association se plaint de l’encadrement des prisonniers de guerre du kommando municipal.
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Certains dénoncent leurs conditions de travail, au grand dam de leurs employeurs, anciens prisonniers de guerre en Allemagne, qui jugent leur traitement plus enviable. D’autres choisissent de s’évader (la presse s’en fait souvent l’écho).

Registre recensant les employeurs de la Drôme et leurs prisonniers, 1947.
Albert Wittlinger, employé par Auguste Bérenger, apparaît en haut de la page consacrée aux employeurs de la commune de Chabeuil.
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Convention de louage entre la commune de Chabeuil et Auguste Béranger, 1945.
L’emploi d’Albert Wittlinger est encadré : montant du salaire, rationnement… il est même couvert par une assurance contre les accidents du travail.
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Cartes d’alimentation dont celle d’Albert Wittlinger, réutilisée pour Paul Gärtner, 1946-1947.
À l’image de la société française, les prisonniers de guerre allemands sont soumis aux restrictions et possèdent des cartes d’alimentation nominatives.
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Lettres relatives au prisonnier de guerre allemand Albert Wittlinger, 1946-1947.
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Ses moindres faits et gestes font l’objet d’un contrôle de l’administration : de son évasion à son hospitalisation…
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